La Développeuse du Dimanche : l’interview hors norme

Interview développeuse du dimanche la créativité débordante de Lola

La Développeuse du Dimanche ? Une game designeuse passée du salariat à l’entrepreneuriat et devenue vidéaste de surcroît. De son vrai nom Lola Guilldou, la Développeuse est devenue youtubeuse à travers un projet novateur. Elle est la première créatrice francophone a documenter semaine après semaine l’évolution de Propaganda, le jeu qu’elle développe en indépendant. Cette documentation vidéo s’appuie à chaque épisode sur un vrai travail de montage et d’écriture.

J’ai été séduit par le caractère pionner de sa démarche autant que par son humour nanardesque et je l’ai d’abord contactée pour la remercier. En effet, la dimension pédagogique de son Journal de Bord m’a enthousiasmé au point que je travaille sur un format similaire consacré à la musique. Ensuite, j’en ai appris plus sur son parcours professionnel et l’évidence s’est imposée : je devais l’interviewer. Pourquoi ? C’est ce que vous découvrirez dans cet entretien hors norme à la croisée des chemins entre vie artistique, vie professionnelle et évolution personnelle. J’espère que vous apprécierez son franc-parler autant que moi.

 

J’adorais les jeux vidéos mais j’ignorais que c’était un métier.

 

Commençons pas une question ultra factuelle : quel âge as-tu ?

La Développeuse du Dimanche : J’ai 23 ans et je vais sur mes 24.

 
A quel âge as-tu décidé que tu voulais travailler dans les jeux vidéos, pas forcément être game designeuse mais au moins évoluer dans ce domaine professionnel ?

Je ne sais pas vraiment parce que pendant très longtemps j’ai adoré les jeux vidéos mais j’ignorais que c’était un métier. Du coup je ne me disais pas « je vais en faire un métier ». Disons que j’ai vraiment découvert qu’il y avait des métiers dans les jeux vidéos et à m’y intéresser vers la fin du collège. Même si j’aimais ça depuis toujours, c’est à ce moment que je me suis dit « il y a peut-être moyen que je travaille dedans ».

 
Avant d’avoir pris cette décision, tu étais déjà attirée par les activités artistiques ? Est-ce que tu dessinais, peignais ou sculptais ?

Oui ! J’ai fait un peu de tout ça en fait. Mes parents voulaient m’inscrire à des activités extra-scolaires, je suis passé par plusieurs choses. J’ai fait de la danse mais ça ne me plaisait pas trop, et finalement j’aimais bien dessiner depuis gamine donc j’ai pris des cours de dessin. Aujourd’hui encore je dessine super souvent, j’ai aussi fait un peu de sculpture, donc oui j’ai toujours été dans le créatif.

 

Interview développeuse du dimanche propaganda pixel art
Pour Propaganda, la Développeuse du Dimanche a choisi une esthétique pixel art.
 
J’ai jeté un coup d’œil sur le site de l’Isart, et j’ai vu que pour leur Bachelor Game Design, il fallait présenter un portfolio au concours d’entrée.

Oui. Je me rappelle que le mien était bien nul, j’étais à côté du contexte…

 
C’est à dire ?

Je me suis présentée avec un concept de jeu, mais comme j’étais complètement noob je ne savais pas encore ce qu’était le game design à 100 %. Du coup j’ai présenté un concept de jeu mais il n’y avait pratiquement que des dessins et presque pas de game design.

 
Il n’y avait pas de mécaniques de jeu ?

Pratiquement pas. Il y en avait trois mais ça n’allait pas très loin. J’étais encore un bébé du game design.

 
J’avais imaginé que ce portfolio n’était pas forcément un concept de jeu mais qu’il fallait montrer qu’on pouvait imaginer du visuel, donc que ça pouvait être des peintures ou du dessin, sans pour autant que des mécaniques de jeu soient impliquées.

En fait ça dépend de la formation. Pour les graphistes il faut vraiment montrer que tu fais du dessin. Pour les game designers il faut un peu de dessin et un peu de concept, et moi j’avais vraiment amené beaucoup de dessin.

 

Pour postuler à un poste de game designer il a fallu que je code un prototype en une semaine.

 
Est-ce que dans le cursus vous avez des cours de dessin ?

Oui, la première année. Ce ne sont pas vraiment des cours de dessin au sens académique. On ne nous apprend pas les perspectives et autres fondamentaux, par contre on a des cours d’infographie 2D. On nous apprend à utiliser Illustrator, Photoshop, InDesign, etc. L’idée c’est qu’on soit capable de faire des mock-up [note : prototype d’interface utilisateur]. Quand tu imagines une interface en terme de design parfois ça peut être cool de faire un montage Photoshop pour montrer à tes interlocuteurs ce que ça pourrait donner. Ce sont des trucs importants qu’on nous apprend au début, l’idée c’est qu’on sache faire un peu sans forcément devenir des experts de Photoshop.

 
En même temps tu avais des cours de code ?

Oui, tout au long du cursus, les trois années. Au début tu commences par des choses simples, faire une page HTML pour savoir comment ça fonctionne, comment ça se structure. En deuxième année, grand challenge quand j’y pense à l’époque car nous ne sommes pas des programmeurs, notre projet de fin d’année c’était de faire un petit jeu, une petit démo d’à peu près 5 minutes avec dans la team des game designers et des graphistes. En gros les game designers ont été balancés sur Unity en mode « faites du C#, voilà ! » (rires)

 
Dans l’imagerie populaire – et pas que dans l’imagerie populaire, dans les neurosciences aussi – on a une vision où le graphisme et l’artistique relèvent du cerveau droit tandis que le code relève du cerveau gauche, rigueur, logique, rationalité, etc. Est-ce que ça a été difficile pour toi d’apprendre le code, par exemple plus dur que pour certains de tes camarades qui étaient peut-être moins bons en graphisme ? Ou au contraire est-ce que ce que tu apprenais en code pouvait te servir pour le dessin et que ta sensibilité artistique pouvait t’aider à coder ou pas du tout ?

J’ai vraiment l’impression que ce sont des disciplines diamétralement opposées. Je n’ai pas l’impression que faire du code aide à dessiner et inversement savoir dessiner n’aide pas à faire du code. Après cette histoire de cerveau gauche cerveau droit je crois que c’est surtout une question d’affinité. J’aime beaucoup tout ce qui est création d’univers, graphisme, je suis naturellement plus intéressée par ça parce que c’est avec ça que je me suis forgée, mais j’ai quand même réussi à faire du code, j’ai su me débrouiller. Une fois, pour postuler à un poste de game designer il fallait que je code un prototype en une semaine et j’ai réussi à coder à l’arrache donc si je veux m’y mettre réellement je peux coder. Simplement c’est souvent une partie qui m’intéresse moins. Encore que ça dépende des moments, des fois il y a des trucs cool à coder, des fois des trucs chiants et c’est là je décroche mais je pense que c’est possible de faire les deux. Après c’est aussi une question de temps, c’est dur de faire les deux.

 

En fait je voulais être directeur créatif. Là tu peux imaginer des univers.

 
Tu connais la chaîne Youtube nommée Extra Credits ?

De nom, mais je n’ai jamais regardé.

 
Ils ont fait une vidéo sur le game design en mode « on va briser les idées reçues ». J’aimerais avoir ton ressenti là-dessus. En substance, ils affirment que le poste de game designer, contrairement à ce que beaucoup de gens imaginent, ce n’est pas tant une question de créativité, d’imaginer des univers ou des scénarios, qu’un rôle de manager / diplomate parce que le game designer doit faire dialoguer les codeurs et les graphistes qui sont dans deux univers parallèles et ne se comprennent pas.

C’est exactement ça et c’est ça que j’ai découvert en commençant. En fait je voulais être directeur créatif, ce qui est totalement différent, là tu peux imaginer des univers. Mais tu ne peux pas commencer ta carrière en tant que directeur artistique, il faut des années et des années d’expérience et encore tout le monde n’y arrive pas. J’ai été extrêmement surprise quand j’ai découvert qu’il fallait jouer ce rôle de diplomate. C’était embêtant – maintenant ça va un peu mieux mais avant j’étais extrêmement timide – parce que j’ai découvert que les développeurs et les designers passaient leur temps à se taper dessus. J’ai vu ça partout, que ça soit à l’école ou dans les entreprises. Il y a des conflits, tout simplement parce que ce que les graphistes veulent pour faire joli ne va pas être optimisé et du coup ça va faire ramer le jeu. Il y a toujours des médiations à faire. Et puis tes tâches ne sont pas si créatives que ça, tu peux être amené à combler des trous autour du concept du jeu une fois que celui-ci est posé mais ça dépend de ton niveau dans la boite.

 

Interview développeuse du dimanche style western
L’industrie du jeu vidéo ressemble parfois au Far West.
 
A la sortie d’Isart, est-ce que ça a été dur pour toi de trouver ton premier poste, rapport au marché du travail ?

Oui, ça a été un peu compliqué. Quand j’étais chez Isart j’ai trouvé un stage chez Ubisoft, c’était pile au moment où les stages passaient de un an maximum à six mois, ce qui fait que j’étais très triste parce que je voulais rester un an. J’ai un peu magouillé et j’ai réussi à rester un an. Ils avaient vu que j’avais bien travaillé, mon maître de stage était super fier de moi, je me suis dit « ça va être transformé en CDD »… et pas du tout. J’ai réalisé que ça ne serait pas si facile. Une fois que j’ai eu mon diplôme j’ai envoyé mon CV dans plein de boites et je m’attendais à recevoir au moins des réponses négatives. Ce n’était pas du tout le cas, c’était très frustrant. Pendant six mois j’ai envoyé des CV sans recevoir de réponses. Finalement j’ai trouvé un poste de game designer junior qui ne nécessitait pas une première expérience dans une autre boite, ce qui est très rare. Ce n’était pas évident mais j’ai eu la chance de trouver ce poste au bout de six mois, ça n’a pas forcément été le cas des autres personnes autour de moi. Certains n’ont rien trouvé du tout, c’est hyper bouché.

 
A ce point là ?

Oui ! En fait le nombre d’emplois disponibles par rapport au nombre d’étudiants qui sortent des écoles de jeux vidéo n’est pas du tout équilibré.

 
L’histoire se répète. Lorsque j’étais lycéen les enseignants essayaient de me dissuader d’aller en psychologie parce que la filière était bouchée. Dans le cas de l’industrie vidéoludique c’est peut-être lié au fait que la France n’est pas une grande terre de jeu vidéo même s’il y a Ubisoft qui fait figure d’exception ?

En réalité il y a pas mal de boites. Ubisoft, Arkane Studio, Ivory Tower, Asobo, Ankama aussi, ce sont quand même des grosses boites. Et à côté il y a plein de petites boites dans lesquelles il y a un turn-over énorme. J’ai l’impression que les petites boites ne peuvent pas payer cher. Du coup elles embauchent des personnes en début de carrière, uniquement en CDD, et une fois que le CDD est fini ils embauchent une nouvelle recrue parce que ça coûte moins cher.

 

Quand tu te lèves le matin pour aller bosser et que tu as la boule au ventre, ce n’est pas sain.

 
Ils ne veulent pas que les gens développent de l’ancienneté ?

Qu’ils développent de l’ancienneté et soient payés plus cher. Ce qui fait que non seulement trouver un job est difficile parce qu’on est super nombreux sur le marché, mais en plus une fois qu’on en a un on est jeté ! Les employeurs ne veulent pas s’engager sur le long terme parce que ça coûte trop cher.

 
Dans ta FAQ et dans ton premier épisode du Journal de Bord, tu expliques un peu le cheminement qui t’a amené à te lancer dans l’aventure Propaganda. Tu y parles notamment de ton passage chez EKO Software. Dans ton premier Journal de Bord, on sent beaucoup d’émotion. Tu expliques d’ailleurs qu’à la fin de ton contrat tu te levais le matin en te demandant pourquoi tu allais travailler. Tu évoques cette désillusion face à l’écart entre la réalité de ton quotidien de salariée et ce qu’était ton projet créatif initial. Dans la FAQ, quand tu reviens sur le sujet et ton discours est un peu différent. Tu expliques avoir appris plein de choses, tu arrives à positiver.

Quand j’ai sorti ma première vidéo j’étais vraiment à chaud. Je ressortais d’une expérience du travail vraiment pas saine. Le problème dans cette boite c’est que j’étais game designer et n’arrivais pas à faire de game design parce que les dirigeants de la boite étaient des programmeurs, d’où un côté « non mais on est des programmeurs donc on va faire cette fonctionnalité parce que c’est cool ». Et parce que j’étais jeune, parce que je suis une femme, quand je leur disais « ok mais ça ne se marie pas bien avec le reste en terme de game design, ce n’est pas beau », on me faisait comprendre « si tu pouvais rester dans ton coin et remplir les colonnes du fichier Excel ça nous arrangerait ».

 
Tu as vraiment senti l’impact du sexisme à ce niveau là ?

Oui, clairement ! Le sexisme ordinaire, que ce soit dans les interactions avec les collègues dans l’open space ou certaines réactions vis-à-vis de moi. Ça a contribué au fait que je parte. C’est invivable, quand tu te lèves le matin pour aller bosser et que tu as la boule au ventre, ce n’est pas sain…

 
Oui, je connais…

Est-ce que j’ai vraiment envie de continuer sur une lancée qui ne me plaît pas juste parce que je pourrais avoir un CDI dans une boite dans laquelle de toute façon je ne m’épanouis pas ? Au moment où j’ai fait la première vidéo j’étais énervée, tu peux sentir cette la colère vis-à-vis de mon expérience. Au moment de sortir ma FAQ j’avais eu le temps de prendre du recul. J’ai pu regarder la situation d’avant sous un œil différent : j’étais toujours embêtée de travailler avec des gens avec qui je ne m’entendais pas mais j’ai tout de même pu faire certaines choses. J’ai travaillé sur des types de jeu que je n’avais jamais fait, ce qui m’a permis d’apprendre des choses. J’ai appris à relativiser… parfois.

 
Je suis très intéressé par ce que tu dis – ok, ça c’est normal (rires) – et je suis vachement étonné par cette histoire de sexisme. Je suppose que ça dépend des entreprises, de l’âge des fondateurs. Par exemple, chez Ubisoft ils mettent l’inclusivité en avant dans leurs offres d’emploi. Après, je suis peut-être biaisé par le prisme sous lequel j’aborde les jeux vidéos. Quand tu regardes les conférences aux Geek Faëries, la manière dont Coeur de Vandale y insiste sur l’importance qu’il y a à respecter tout le monde, l’esprit collaboratif au sein du speedrun, tu ne t’attends pas à ce genre de problèmes.

Oui ! En fait ça dépend. Dans le jeu vidéo il y a vraiment deux franges. De base, le jeu vidéo dans son essence a été pendant très longtemps le truc d’hommes blancs entre eux dans leur coin. Il y avait des femmes de temps en temps mais il y avait quand même un sexisme bien ancré. Malheureusement, ce sexisme est toujours ancré à l’heure actuelle. Il y a des gens qui s’en rendent compte et il y a une frange du jeu vidéo qui devient de plus en plus inclusive. Il y a des boites qui font des efforts, par exemple Ubisoft qui fait beaucoup d’effort pour embaucher des femmes. Ils ont pas mal communiqué là-dessus effectivement et c’est cool. Et puis de l’autre côté il y a des « vieux de la vieille », comme la boite dans laquelle j’étais, où clairement il y a de l’ignorance. Ce n’est même pas de la méchanceté, tu as l’impression qu’ils sont d’une autre génération, qu’ils ont été élevés comme ça et qu’ils disent certaines choses et ne voient même pas le problème, c’est assez hallucinant. Après, le jeu vidéo n’est clairement pas débarrassé de ça au niveau des joueurs, encore récemment ça a été relativement salé. On a fondé ce média sur des bases pas très saines, ça s’améliore et c’est vraiment super mais il y a encore beaucoup de travail à faire.

 

On est élevé par les parents, par l’école, mais aussi beaucoup par la culture. C’est ce qui nous imprègne, c’est ce qui forge ta personnalité.

 
Au niveau des entreprises tu as cet héritage du fait que c’était un truc de geeks, de nerds, et qui dit truc de geeks dit école d’ingénieurs avec à l’époque 95 % de garçons…

C’est ça.

 
Et au niveau du public c’est un truc de jeunes. On sait que les ados et les enfants sont extrêmement cruels les uns avec les autres dans la cour de récréation.

C’est sûr. Ils sont aussi élevés par un médium qui est pas forcément au top sur les questions de sexisme et de racisme. On est élevé par les parents, par l’école, mais aussi beaucoup par la culture. C’est ce qui nous imprègne, c’est ce qui forge ta personnalité, du coup c’est un peu un cercle vicieux. Je pense que ça ne peut qu’aller mieux. Mais bref, voilà, je n’ai pas eu de chance, je suis tombée sur une boite où ça c’est mal passé, ça arrive. C’est pour ça que c’était l’occasion de partir et de faire mon truc dans mon coin. Et je pense que j’ai eu raison de le faire.

 
Je le pense aussi ! (rires) J’allais aborder la question du passage en indépendant, à plusieurs niveaux. Tu as fini par créer une page Tipee pour tes vidéos car elles rencontrent un certains succès. Cela t’a amenée à chercher un statut pour gérer légalement l’argent venu de Tipee. J’ai vu via Twitter que tu t’étais retrouvée dans une réunion de Pôle emploi consacrée au statut d’auto-entrepreneur, réunion où tu n’as rien appris me semble t-il. Bref, tu es indépendante dans le sens où tu t’es dit « je vais faire un jeu toute seule » et du coup aujourd’hui tu es une entrepreneuse.

Je suis encore en train de réfléchir au statut exact mais c’est une question de jours avant que je passe au statut officiel*. Aujourd’hui j’ai les moyens de me faire un peu d’argent avec ce que je fais et c’est vraiment inespéré. Cela ne fait même pas un an que je fais des vidéos sur Youtube et je commence déjà à toucher un peu de sous, c’est cool. Et comme plus tard il faudra un statut légal pour vendre Propaganda, je mets un pied dans l’engrenage en ayant le statut d’indépendant. Mon objectif à long terme si j’en ai les moyens c’est d’ouvrir un studio avec des potes et de faire des jeux indés.

* depuis cet entretien Lola a opté pour le statut de la micro-entreprise (auto-entreprise)

 

 

Interview développeuse du dimanche la créativité débordante de Lola
Dans la tête de la Développeuse du Dimanche ? Des mécaniques de jeu, des dessins, du pixel art, des références pop culture, un aspirateur qui parle, et bien d’autres chose. Créativité désormais débridée.
 
D’ailleurs, par rapport à ton départ de chez EKO Software, le ras-le-bol s’est fait progressivement mais la transition elle-même a été progressive ou s’est plutôt faite sur un coup de tête ?

Je suis restée un an et demi. Au bout de six mois je commençais à voir que ça me plaisait pas jusqu’à atteindre la grosse déprime. Ça n’allait pas mais je me disais « il me reste un an à faire, et si j’attends et que je ne reconduis pas je vais pouvoir avoir des indemnités et ces indemnités je vais pouvoir m’en servir pour faire mon super projet, ce projet que je veux faire depuis longtemps ». J’ai décidé de m’en aller à la fin de mon contrat, comme ça j’avais déjà un petit investissement pour pouvoir construire quelque chose qui me plaise vraiment. J’ai pris sur moi pour terminer le contrat jusqu’au dernier jour, et ensuite je suis partie.

 
Tu as réussi à canaliser ton ras le bol pour que ça soit intelligent sur le long terme.

Voilà. Ça n’a pas été évident, surtout qu’à la fin de mon CDD on m’a proposé un CDI. Il a fallu choisir entre la sécurité de l’emploi et mon rêve. Ma santé mentale aussi, parce que si je prenais un CDI dans cet état là ce n’était peut-être pas pertinent. Donc j’ai choisi de faire un pari. Dire non au CDI en espérant que ça se passe bien. Ce n’était pas évident de dire ça à mes parents qui avaient un peu de mal à comprendre : « Comment, tu dis non à un CDI pour te lancer sur Youtube et créer un jeu ? Bon, d’accord, on te soutient, mais… ». Pas évident comme choix mais ça s’est révélé plutôt concluant. Je ne regrette pas et, oui, j’ai bien fait d’attendre la fin de mon contrat.

 

Le jeu vidéo est un vecteur social dans ma famille.

 
Est-ce que tes parents ont un métier artistique ? Qu’est-ce qu’ils exercent comme métier ? Bref, quel est ton capital culturel d’un point de vue bourdieusien ?

Waow ! Mes parents ne sont pas dans le créatif au niveau de leur profession. Je viens d’une famille avec des revenus plutôt modestes, ma mère est aide soignante et mon père travaille en intérim. Par contre, ce qui m’a mis au jeux vidéos c’est que mes parents y jouent. Quand je suis arrivée au monde il y avait déjà une SNES à la maison et c’est eux qui m’ont transmis le goût du jeu vidéo. Je jouais avec mes parents, c’est aussi un vecteur social dans ma famille. J’ai une petite sœur et souvent on se faisait des soirées Mario Kart. C’est cool parce qu’on était tous ensembles comme d’autres jouent au Monopoly ou au Cluedo, sauf que nous c’était jeu vidéo.

 
C’est chouette !

Ouais, c’est cool et c’est pour ça que c’est vraiment mon média de prédilection.

 
Pendant que tu as serrais les dents jusqu’à la fin de ton CDD, tu as eu le temps de nourrir ton projet pour Propaganda ?

Oui. Pendant que je travaillais encore dans l’autre boite, vers la fin du contrat, il y avait des grosses périodes où je n’avais rien à faire. Tu viens pour mettre les pieds sous le bureau et regarder ton écran. Plutôt que de ne rien faire, pourquoi ne pas commencer à réfléchir à mon projet ? Au final les derniers jours ont été un peu plus faciles. J’allais au boulot et ça me faisait chier mais au moins j’étais en train de commencer à réfléchir à tout ce projet, à ma chaîne et aux jeux vidéos que j’aime faire et ça c’est cool.

 

J’ai envie de remonter dans le temps et de me dire « t’inquiète pas ça va bien se passer ».

 
Le jour où tu as enregistré ce fameux premier épisode de ton Journal de bord, tu avais quitté EKO Software depuis combien de temps ?

J’avais fini fin juillet et j’ai commencé à faire ma vidéo au mois d’août mais ça a mis longtemps avant que je la sorte. J’étais stressée, tellement stressée. J’ai envie de remonter dans le temps et de me dire « t’inquiète pas ça va bien se passer, te fout pas la rate au court-bouillon pour ça ! ». Ma première vidéo est loin d’être la meilleure, il y a pas mal de lenteurs, j’ai mis beaucoup de temps à essayer de trouver un montage. Je l’ai montré à mon meilleur ami avant pour être sûre qu’il n’y avait pas de problème. Je l’ai gardé dans un coin pendant longtemps avant de me décider. Finalement le 17 septembre 2016 j’ai posté ma première vidéo et je suis bien contente de l’avoir fait !

 
Puisqu’on en parle, cet entretien sort deux semaines après l’anniversaire de la chaîne. Si vous découvrez l’odyssée de la Développeuse du Dimanche ici, son épisode anniversaire est fait pour vous :

 
Ok, donc il s’est passé six semaines. Et avant de poster la vidéo tu avais déjà commencé à bosser sur le jeu du coup, ou tu avais pris des vacances ?

Je me suis offert quelques vacances en août, et à mon retour début septembre j’ai commencé à réfléchir à la phase de préproduction. J’ai posé mon concept, les grandes idées principales, j’ai réfléchi à l’expérience de jeu que je voulais transmettre, d’ailleurs c’est pour ça que le 1er épisode porte surtout là-dessus. Il n’y pas de prototype dans cet épisode, surtout de la théorie. Ça a commencé comme ça.

 
Là ta chaîne en est à 3299 abonnés*. Compte tenu du format de base, j’ai l’impression que tu as eu un succès rapide, toutes proportions gardées. Je pense que cela s’explique parce que ton initiative est absolument originale. Pas au niveau de la mise en forme puisque que tu as intégrée les codes mémétiques de Youtube, mais à part les gros studios qui interviewent leurs développeurs épisodiquement pour faire la promotion d’un jeu, je ne connais personne qui développe un jeu vidéo en indépendant et le documente de manière régulière.

* depuis cet entretien elle a dépassé les 4 000 abonnés

 

C’est pour ça que j’ai tenté ça. Peut-être que ça existe mais je n’ai vu personne d’autre le faire. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de montrer les coulisses de la production d’un jeu vidéo. Mon concept a l’air de plaire pour ça. Je pense aussi que le succès rapide est dû à mon entourage. Je suis entourée de beaucoup de personnes dans le milieu du jeu vidéo. Certains de mes amis sont développeurs, ils ont partagé dès la première vidéo. A la sortie de celle-ci je me suis retrouvée avec une centaine d’abonnés. J’ai aussi la chance qu’un ami parle de ma chaîne sur Eclypsia TV (sur Twitch), ce qui m’a fait un coup de pub. J’avais à peine sorti la deuxième vidéo, je me sentais un peu dépassée par le truc, je me disais « ça va un petit peu vite ». J’ai continué à faire mon truc, j’ai atteint environ 1000 abonnés et quand Nesblog m’a invité ils m’ont apporté plein de nouveaux abonnés.

 
J’ai remarqué ta timidité pendant cette émission (Radio Nesblog). Tu étais intimidée ?

Bien sûr que j’étais intimidée ! J’ai rencontré tous ces gens dont j’admirais le travail sur jeuxvideo.com et ils me disaient « c’est super ce que tu fais »… Cette radio Nesblog m’a apporté plein de monde d’un coup. Je suis tombée sur les bonnes personnes au bon moment. Je salue la chance que j’ai eu !

 
Tu l’as dit précédemment, ton objectif ultime c’est de créer un studio indépendant avec tes potes pour créer des jeux indés. Je sais que tu aimes faire des vidéos. Vu que c’est une charge de travail énorme d’être développeur et chef d’entreprise, est-ce que tu pense que tu garderas l’idée du Journal de Bord pour les prochaines productions ? Ou est-ce que tu abandonneras cette idée mais que tu essayeras de trouver un autre format de podcasts parce que c’est un truc que t’aimes ? Comment anticipes tu l’avenir, si tu l’anticipes ?

Bah pour l’instant je n’anticipe pas beaucoup, je suis très dans le présent. Je fais mon jeu, je continue d’en parler dans le Journal de bord, et si jamais un jour j’échoue et n’arrive pas à le finir j’en parlerai et je ferai une vidéo pour ça. Pour l’avenir de la chaîne si je m’en sors et que Propaganda est terminé, je ne sais pas. Je pense que j’aurais évolué, je ne serai peut-être plus la même personne. J’ai d’autres idées de format que je ne peux pas faire maintenant parce que c’est trop compliqué et je me dis que je pourrais les faire quand Propaganda sera terminé. J’ai déjà un truc, une idée de programme pour plus tard, mais je verrai bien quand j’y serai.

 

Si je suis en pyjama ma productivité chute de 50 %.

 
Revenons-en donc à Propaganda et à la tension entre discipline, autodiscipline et procrastination. J’ai écouté ton interview sur Radio prélude, tu y disais que tu avais calqué ton emploi du temps sur un emploi du temps de salarié. Tu fais du lundi – vendredi pour garder une certaine discipline. Est-ce qu’au sein de cet emploi 9h-18h tu as une journée type, et si oui, à quoi ressemble-t-elle ?

Alors ça a pas mal changé. Je travaille toujours du lundi au vendredi, mais j’ai un cycle de sommeil qui me fait me coucher tard et me lever tard, ce qui fait que je n’arrive plus à me lever aussi tôt qu’avant, ou alors un jour dans la semaine j’y arrive et le reste non. Je commence un peu à travailler plus tard. Parfois je joue le jeu et je fais toutes mes heures, parfois non. Donc, niveau journée type, j’ai quand même une routine qui est « je me lève, je déjeune, je vais me doucher et je m’habille ». Je ne peux pas travailler sans. Si je ne suis pas douchée et habillée, ce n’est pas possible. D’ailleurs j’ai twitté à ce sujet : si je suis en pyjama ma productivité chute de 50 %.

 
En effet, ça a un vrai impact.

J’ai besoin de me mettre en condition pour travailler. J’ai mes vêtements pour travailler et mes vêtements pour chiller à la cool. C’est important parce que je reste pas mal chez moi, ce qui fait que mon domicile est aussi mon espace de travail. Il faut bien que je segmente et je pense que le fait de m’habiller pour travailler m’aide à segmenter le travail et le repos au sein de mon appartement. Je m’arrête quand j’estime que j’ai bien avancé, ou quand j’estime que je n’arrive plus à rien. Des fois il y a des jours sans et ces jours là ça ne sert à rien de forcer. Il faut se dire que ça ira mieux le lendemain. Je m’accorde vraiment les week-ends par contre, pour les projets que j’ai avec les copains et pour le repos.

 
Du coup parlons créativité ! Propaganda c’est ton bébé, c’est le truc qui a germé en toi. Sais-tu d’où vient ta créativité ?

Je pense que ça vient du fait qu’on ne m’a jamais bridée pour essayer de faire des trucs. Mes parents ont toujours été là pour m’encourager, me supporter et me donner les moyens de faire ce que je voulais faire. « T’aimes le dessin ? Cool ! On va t’emmener faire des cours de dessin et c’est trop bien tes dessins, continue. Tu veux faire des jeux vidéos ? Ok bah viens on va chercher une école de jeux vidéos ». Je pense qu’il y a plein de gens qui brident leur créativité, qui l’étouffent. Je pense qu’on a tous ce potentiel créatif et que ça dépend vraiment de l’environnement. Il y a aussi le fait que quand j’étais gamine je n’ai pas manqué de grand-chose. J’avais un toit sur la tête, de quoi manger, j’avais des crayons pour dessiner. Dans ce cadre relativement cool, mon esprit pouvait vagabonder, je n’avais pas des gros soucis desquels me préoccuper. Il y a tout ça, plus le fait que j’ai beaucoup joué aux jeux vidéos. C’est très visuel, très interactif, ça m’a beaucoup stimulé. Je pense que c’est l’ensemble de tout ça qui fait qu’aujourd’hui j’aime bien tripatouiller des trucs et créer des choses.

 

Pendant longtemps je me suis demandé comment faire pour être moins scolaire.

 
Je trouve ça très inspirant ce que tu racontes sur l’importance du milieu. Pendant ton cursus tu avais des exercices imposés : d’où vient ta créativité sous contrainte ?

C’est une question un peu complexe. Lorsque j’étais à l’école, pendant très longtemps on m’a dit « Lola, tu es trop scolaire ». Je ne savais pas ce que ça voulais dire, j’étais perdue. On m’a donné des consignes… bah j’applique les consignes ! Pendant longtemps je me suis demandé comment faire pour être moins scolaire, je ne comprenais pas. Donc je me suis dit « acquiert les bases, nourri toi de savoir, tente des trucs, si c’est trop scolaire ce n’est pas grave, fais-le bien, une fois que tu auras bien appris à faire de manière bien scolaire tu pourras bouger un peu les codes ». Je me sentais pas de prendre d’initiatives trop farfelues parce qu’à l’école c’est hyper sélectif, tu as toujours le stress de ne pas passer à l’année suivante. Je ne faisais pas partie des meilleurs de la promo. J’ai eu mon diplôme parce que je me suis beaucoup donnée et que j’ai fait un projet de fin d’étude qui était cool, mais en théorie je n’aurais pas dû l’avoir parce que j’avais pas la moyenne assez élevée pour l’avoir.

 
Je ne sais pas si tu es amatrice de Ted Talks, il y en a un qui explique comment les gens sont moins bons quand ils sont en situation d’évaluation…

Je suis totalement d’accord avec ça ! Les notes stressent.

 
Il y a des gens comme toi et moi qui vont stresser à cause de l’enjeu et puis il y a des gens qui sont des compétiteurs naturels et que l’enjeu va pousser à se dépasser. Mais à part pour ces challengers, c’est la tendance.

Oui, et puis surtout j’étais très jeune quand je suis arrivée à l’Isart. J’avais 17 ans. Je venais littéralement de sortir du lycée, donc oui j’étais scolaire et je n’étais pas la personne que je suis aujourd’hui. J’étais très timide, je n’avais pas confiance en moi et quand tu n’as pas confiance en toi prendre des initiatives pour faire un truc différent plutôt que respecter les consignes, ce n’est pas simple. C’était un passage obligé et maintenant je peux me permettre de faire plus de fantaisies maintenant que j’ai des bases plus solides.

 
Par rapport au manque de liberté que tu as rencontré quand tu étais salariée, en tant que game designeuse, je me demandais si – peut-être auréolée du succès de Propaganda – tu trouverais ça intéressant de devenir consultante en game design.

C’est marrant que tu me poses cette question parce que je suis en train d’y réfléchir. Ça permet de voir des choses différentes. Ce pourrait être une source de revenus supplémentaires, et ça ouvre d’autres horizons.

 
Je sais que tu conçois Propaganda comme un mélange, en tout cas comme puisant ses racines à la fois dans Metal Slug, Hotline Miami et dans Undertale. Je suis tombé sur la vidéo où tu expliquais que tu avais regardé Full Metal Jacket récemment, qui faisait un lien avec la réflexion que semble proposer Hotline Miami sur la violence de la vie à travers le médium du jeu vidéo. Tu disais avoir envie que les gens comprennent qu’une forme d’endoctrinement idéologique peut amener à faire des choses horribles comme c’est très bien montré dans le film de Kubrick. Or, quand je regarde tes vidéos je n’ai pas l’impression d’avoir en face de moi quelqu’un d’aussi politisé qu’ont pu l’être Usul ou Dorian dans le monde du jeu vidéoludique.

Et pourtant ! (rires)

 
Je voulais savoir si tu étais militante, engagée politiquement. Est-ce que pour toi tout est politique et que par conséquent faire des jeux vidéos est forcément un acte politique ?

Je m’intéresse à la politique. Cela fait partie de notre vie de tous les jours qu’on le veuille ou non, qu’on s’y intéresse ou pas. On peut se désintéresser de la politique mais de toute façon c’est la politique qui nous régit. J’ai envie d’utiliser le médium du jeu vidéo pour transmettre quelques idées et à agir à ma façon. Je suis déjà descendue dans la rue, mais il faut savoir que je suis très froussarde. J’ai peur qu’on me fasse mal et après m’être fait gazée une fois je me suis dit « bon, je vais peut-être m’exprimer d’une façon différente ». Peut-être que ma façon de militer, ma façon de lutter contre les conclusions hâtives de l’ignorance et la haine, c’est de faire des jeux vidéos et de transmettre ça parce que comme je l’ai dit un peu plus tôt, c’est la culture aussi qui nous forge. On a tous ce bassin culturel. On a tous des livres, des films, des jeux vidéos qui nous imprègnent, et grâce à ça on se forge des idées en tant que personnes et après on prend des décisions, on va appartenir à tel ou tel mouvement parce qu’on a été éduqué à ça. Si je peux militer à mon échelle sur ce que je pense être juste, je vais essayer de le faire à travers le jeu vidéo parce que c’est ce que je sais faire.

 

Majora’s Mask a une place spéciale dans mon coeur.

 
Histoire d’avoir une idée de tes préférences artistiques je te propose de finir avec un petit top 3. Peux-tu me donner tes trois jeux préférés ?

Undertale, parce que c’est un des jeux m’ayant donné envie de créer Propaganda. C’est vraiment ma réponse pour le côté artistique et game design. Ensuite, Majora’s Mask qui a une place spéciale dans mon coeur. C’est un de mes premiers jeux, il m’a fait peur, en matière de jeu d’aventure c’est un super truc. C’est un des jeux m’ayant fait ressentir le plus de choses. Et pour le dernier un bon Mario Kart, parce que c’est un vecteur social. C’est un bon moyen de passer un bon moment avec des amis ou de la famille.

 
Tes trois films préférés ?

Thelma et Louise. Interstellar, et Jurassic Park.

 

Interview développeuse du dimanche 3 films préférés Thelma et Louise Interstellar Jurassic Park
Interstellar, Thelma et Louise, Jurassic Park, les films préférés de la Développeuse du Dimanche au moment de l’interview. Un très joli portrait chinois. Et vous, que disent vos goûts de votre personnalité et de votre parcours ?
 
Tes trois livres préférés ?

C’est là qu’on va se rendre compte que je ne lis pas beaucoup ! (rires) Alors, déjà, 1984. Ensuite, j’aime bien les Agatha Christie en général, parce que on y retrouve ce côté jeu. Tu essayes de découvrir qui est l’assassin, tu joues pendant que tu lis. Et le premier du cycle des Robots d’Asimov. Je l’ai lu récemment et j’ai été bluffée par sa manière de parler des robots, par la façon dont il avait anticipé les choses.

 
Trois de tes disques préférés ?

Under the Cover de Ninja Sex Party, un groupe que j’adore. C’est un album de reprise. J’adore les Pink Floyd, notamment Division Bell. Et le single de Las Ketchup parce que ça marche toujours en soirée.

 
Trois œuvres graphiques ? BD, peinture, sculpture, ce que tu veux.

J’aime beaucoup les œuvres de Tamara Lempika, période art déco. J’ai également découvert un peintre qui s’appelle David Hockney. Et, un truc tout bête, Steven Universe. C’est un cartoon avec des couleurs très pastelles, c’est très doux et très beau. Visuellement j’aime beaucoup ce dessin animé, il y a beaucoup de jolis décors. Un peu de douceur dans ce monde.

 

Parmi ses nombreux projets, Lola a commencé la série « Pourquoi c’est cool ? » en parallèle de son Journal de Bord. Son humour se manifeste dès la scène d’ouverture de l’épisode consacré à la réalité virtuelle :

 
Ultime question. Je t’ai vu poster un truc sur Twitter disant que tu avais tellement, tellement de projets, est-ce que tu serais opé pour révéler les idées que tu as en tête ?

Je peux dévoiler quelques trucs, mais je ne vais pas tout te dire. A l’époque où je parlais de ça je bossais sur un projet très précis qui est déjà sorti donc je peux en parler. En gros, je participe à une autre chaîne avec des copains, les AlcooGeeks, sur laquelle on joue en buvant des bières et en faisant de l’impro. Le concept se rapproche de celui des Game Grumps. Pas de face cam, c’est comme si on discutait entre copains pendant qu’on joue à un jeu. Je participe à ça et comme il y a des moments qui m’ont particulièrement fait rire j’ai eu l’idée d’animer l’audio, donc je vais nous représenter en petits bonhommes et faire des animations un peu marrantes. Je me suis lancée là dedans et j’ai fais de l’animation 2D. Je me suis rendue compte que j’aimais bien ça et que si j’avais moyen de m’entraîner j’aimerais faire de l’animation mais l’animation c’est super long, quand on fait ça c’est difficile de faire autre chose. Donc j’ai ça à coté, ce projet avec mes copains. Je réfléchis aussi à un nouveau projet pour ma chaîne. Je voulais interviewer des femmes qui travaillent dans le jeux vidéo, des personnes qui travaillent beaucoup et dont on ne parle jamais, donc interviewer des créatrices de jeux vidéo qu’il s’agisse de développeuses , de graphistes ou de sound designeuses parce qu’elle sont beaucoup invisibilisées malheureusement. Mais là encore ça me demandera du temps et un peu de matériel, donc c’est un projet que j’imagine pour plus tard. A côté j’aide une amie à moi qui a une chaîne Youtube qui s’appelle Shake Up. Pour le coup ça n’a rien à voir avec le jeu vidéo, ça parle de maquillage au cinéma, je fais un peu assistante réal. Je fais dix mille trucs alors que je n’ai pas le temps, mais c’est bien.