Quand on aborde le sujet du coaching séduction et des pick-up artists, on rencontre certaines réactions types. D’abord, il y a les personnes qui considèrent que c’est un truc de no life ou de losers parce que « les techniques de séduction ça marche pas ». Parmi les sceptiques il y a aussi ceux qui trouvent has been ou irrespectueux d’aborder une femme dans la rue pour prendre son numéro de téléphone. Ensuite viennent les personnes qui s’insurgent parce que les techniques de séduction sont des techniques de manipulation et leur utilisation un délire machiste. Enfin viennent les aficionados du phénomène, ceux qui répètent comme des pigeons savants la citation de Maupassant qui leur sert désormais de doctrine. Et si comme l’auteur du Horla vous affirmez que « la conquête des femmes est la seule aventure exaltante dans la vie d’un homme » j’ai une mauvaise nouvelle pour vous : vous êtes sans doute en train de passer à côté de vous-même… et de votre vie.
La cible marketing : les hommes et les clichés de genre
Lectrices et lecteurs avisés l’ont peut-être déjà remarqué, j’ai mentionné plus haut le fait « d’aborder une femme dans la rue » et non le fait d’aborder un homme. En effet, si la séduction est en soi une activité réciproque quand deux personnes se plaisent, la drague (pick-up en anglais) serait l’apanage unique des hommes (dans le monde hétérosexuel). Marketing oblige, « artistes de la drague » est devenu en traversant l’atlantique « grands séducteurs », « hommes séduisants » ou « gentlemen ». En public tout du moins. Dans le privé, ce n’est pas la même ambiance. Comment je le sais ? Parce que j’ai découvert ce monde très particulier en 2007, et que j’ai eu le temps d’y apprendre des choses utiles autant que de voir la laideur des âmes derrière l’obsession du lifestyle.
Mais je digresse. Le coaching séduction s’adresse quasi-exclusivement aux jeunes hommes hétérosexuels même si quelques marketeurs intelligents ont fini par comprendre qu’il y avait une cible féminine rentable à viser. Pourquoi donc ? Deux raisons. La première est sociologique : c’est la répartition genrée des rôles. Que vous soyez pour ou contre la drague de rue, l’image de l’homme abordant une femme dans l’espace public ne vous est pas étrangère. C’est un élément culturel propagé par les œuvres de fictions autant que par la réalité : si vous êtes né avant les années 90 vous avez déjà assisté « en vrai » à une scène de drague urbaine. Mais combien de fois avez-vous vu une femme aborder un homme dans la rue ? Moi jamais. Je ne dis pas que cela ne se produit jamais, je constate simplement n’avoir jamais été témoin d’une telle scène. Je suis pourtant né en 1980 et je vis la moitié du temps à Paris, dur de faire mieux – ou pire – en matière de densité démographique. Dans la rue, la répartition genrée des rôles veut que ce soit l’homme qui fasse le premier pas. Et si comme moi vous regrettez cet état de fait, et bien cela n’y change pour autant rien. Il faut donc des coachs pour tous ceux qui brûlent de tenter l’expérience mais n’osent point franchir le pas.
Bien sûr, il n’y a pas que la rue pour séduire. Avant le phénomène des pick-up artists c’était même le dernier endroit où aborder à moins d’être un banlieusard en goguette dans le quartier des Halles. Les temps changent et entre l’essor des sites de rencontre et l’émasculation généralisé des jeunes geeks, aborder dans la rue ressemblait de plus en plus à « un truc de film » ou d’alcoolique. L’autre grande catégorie de lieux/moments où l’on fait des rencontres, ce sont les rassemblements collectifs : soirées entre amis au domicile d’un proche, soirées à l’extérieur, vie collective sur le lieu de travail ou les lieux d’activités de loisirs. Séduire au club de yoga, séduire à l’afterwork, séduire dans ce bar où vous retrouvez des amis ou séduire à la crémaillère de votre camarade de fac, la charmante Amélie. Et là, petite subtilité : quand l’alcool entre en jeu, les filles parlent aux garçons. Rarement sur le mode « tu me plais je veux te pécho », mais avec moins de faux-semblants au fur et à mesure que l’heure avance. Quant aux lieux associatifs ou sportifs, point d’alcool mais moult badinages prétextes à mieux connaître l’autre. Là encore, les femmes peuvent faire le premier pas puisque ce premier pas n’en sera pas ouvertement un. En gros, la répartition traditionnelle des rôles est la suivante : la femme montre des signes de disponibilité sexuelle (maquillage, sourire, extraversion, binge drinking), l’homme les détecte et doit faire évoluer la situation vers plus d’intimité. Séduction passive versus séduction active. Dans les grandes lignes, car la sociologie ne fait pas tout : certaines personnes sont plus extraverties que d’autres. De plus, la culture est plus hétérogène dans les grands villes que dans les zones rurales. Paris par exemple, proposera aussi bien ses pôles de traditionalistes (7ème et 16ème arrondissements) que ses gisements de bobos (tout le nord-est de la ville en gros). Cependant, ce n’est pas parce qu’une femme a des opinions qu’elle-même juge progressistes qu’elle s’est nécessairement débarrassée de son conditionnement social…
La seconde raison est elle aussi sociologique. C’est la répartition genrée des rôles. Attendez… encore ? Oui, c’est bien cela. Blasant, n’est-ce pas ? Jusqu’à la hispterisation des hommes, l’idée qu’on se faisait d’un magazine masculin se résumait à Playboy ou l’Écho des Savanes (je fais l’effort de laisser Le Chasseur Français de côté même si techniquement il rentre aussi dans la catégorie des magazines masculins). Côté féminin, vous trouviez au contraire une variété de titres visant des tranches d’âge bien distinctes (20 ans, Jeune et Jolie, Biba, Femme Actuelle, Marie-Claire, Elle, liste non-exhaustive). Et quel est le point commun entre toutes ces publications ? A côté des horoscopes, de l’article mensuel sur la féministe du bout du monde placée en résidence surveillée et des recettes de cuisine – parce que… la cohérence, m’voyez – on y parle de l’art de (bien) s’habiller, de l’art de se maquiller, et de l’art de la fellation. Emballés un peu différemment selon le public, certes, mais sont toujours présents apparence, sexologie et psychologie masculine. Plaire physiquement, comprendre (manipuler ?) la cible et s’acquitter du bon vieux devoir conjugal ou de la compétition sexuelle d’avec les copines. En une phrase, comment être un parfait objet du désir. Les femmes, leur coaching séduction elles le reçoivent directement de la société, au biberon. Et ne croyez pas que je sois en train de vous dire que c’est une bonne chose. Je me contente de constater cet état de fait parce que c’est la réalité.
Ironiquement, l’apparition des coachs en séduction sur le marché du développement personnel est une sorte de retour de balancier historique. Les hommes, désormais, constitueront un marché du conditionnement à séduire comme le faisait déjà les femmes. Mais qu’est-ce qu’on apprend donc dans ce milieu dont je vous ai dit qu’il cachait des âmes vides ?
Guerre des roses, guerre des nerfs
Déjà, on y apprend la misogynie. Rappelons par rigueur intellectuelle que tous les coachs ne se valent pas : même si 100 % des coachs français ont copié les américains, la personnalité des uns et des autres se manifeste à travers leur reproduction éhontée de ce qui émerge outre-atlantique. Certains aiment donc foncièrement les femmes (Blusher par exemple), mais il y a aussi une tripotée de narcissiques qui cherchent simplement à soumettre des proies pour combler leur propre vide intérieur. Et surtout, même ceux qui se montrent respectueux (Nicolas Dolteau par exemple) participent à entretenir les illusions genrées.
Pour vous qui me lisez et venez peut-être de visions sociales très différentes les unes des autres, je rappelle brièvement ma position quant à la « théorie du genre ». Nier l’impact de la culture dans la construction des genres c’est nier un fait anthropologique. Nier les différences innées entre les sexes, c’est nier une réalité biologique. Ces deux dénis sont aussi stupides l’un que l’autre. Donc, quand je parle des illusions genrées, c’est bien leur caractère illusoire qui me pose problème.
Le plus grand biais de ce microcosme masculin, c’est de voir la Femme comme manipulatrice, fourbe et lâche. Et les illuminés de la guerre des sexes répètent ici une autre citation, tirée cette fois d’un dialogue du Mission Impossible II de John Woo : « Tu connais les femmes, elles sont comme les singes : elles ne lâchent pas une branche tant qu’elles n’en ont pas saisi une autre ! ». Je vous laisse apprécier le niveau. Primo, c’est une généralisation. Secundo, c’est oublier que les hommes sont proportionnellement tout aussi manipulateurs. J’emploie le mot « proportionnellement » car on ne peut nier que certaines personnes, HOMMES ET FEMMES, ont des comportements manipulateurs. Certaines personnes, HOMMES ET FEMMES, voient les relations comme des parties d’échec. Toutes les personnes ? Non.
Le sexisme décérébré des pick-up artists et de ceux qui nous vendent des prestations pour leur ressembler vient d’une extrapolation sociologique. Todd Valentine, dont j’apprécie beaucoup le travail, dit en substance « il est normal qu’une femme vous fasse passer des tests. Si elle ne le faisait pas, elle serait obligée de coucher avec tout le monde ». Dans un monde où la séduction fonctionne sur la répartition genrée évoquée plus haut, les femmes disposent effectivement d’un vivier de prétendants quasi-infini. Cela ne signifie pas que lesdits prétendants leur conviennent, mais elles sont sur-sollicitées. Si vous avez déjà utilisé un site de rencontre en ligne vous le savez. Par conséquent leur sélectivité doit être proportionnelle à la quantité d’approches qu’elles reçoivent voire subissent. C’est assez logique même si là encore les particularités individuelles font que toutes les femmes ne se perdent pas dans des « shit tests». En conséquence, les dogmes du coaching en séduction vont orienter les consommateurs mâles vers le fait de tester les femmes en retour pour inverser la relation de pouvoir.
Misères du désir
Le monde est injuste. De la tartine beurrée qui tombe sur le sol de la cuisine alors que vous êtes en retard pour aller au turbin à l’enfant qui meure de faim toutes les cinq secondes quelque part dans le monde, le monde est injuste. Certains naissent en Corée du Nord et d’autres au Canada. Et bien que les produits culturels nous fassent espérer depuis notre tendre enfance que chacun trouvera sa chacune – après avoir vaincu les méchants, c’est plus stylé – en 2013 l’INSEE annonçait que 51 % des parisiens se déclaraient célibataires. Certes, le mot « célibat » est ici à prendre comme l’absence de concubin, pas l’absence d’idylle ou de vie sexuelle, mais tout de même. Votre vie amoureuse, elle ressemble à quoi ? Un long fleuve tranquille ou un marais asséché d’où émergent des zombies ? Un lagon infesté de piranhas ou une piscine chauffée avec mojitos en bonus ?
Être heureux en amour, c’est compliqué. Les humains, dans l’état actuel de nos sociétés occidentales, sont câblés avec pas mal de névroses. Évitement de l’intimité, image déplorable de leurs parents, insécurités affectives, relations toxiques qui nous laissent à vif… le tout avec en milieu urbain la solution de facilité consistant à chercher mieux à la première turbulence. La loi de l’offre et de la demande ne coïncide pas vraiment avec le « et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Notez que n’étant apôtre ni de la parentalité ni de la monogamie je ne blâme point le désir de jouissance et des un-e-s et des autres. Mais la jouissance elle-même se fait discrète pour pas mal d’occidentaux.
Bref, si les féministes ahanent régulièrement au sujet de la culture du viol, ils oublient aussi qu’entre personnes civilisées – c.-à-d. entre personnes respectant l’intégrité physique et psychologique d’autrui – les femmes ont dans les relations hétérosexuelles un certain pouvoir, et ce sans que ce soit le produit de leur volonté. Le positionnement des coachs en séduction est donc aussi logique que mécanique : il y a un marché pour les hommes timides qui veulent plus de rencontres – pour un soir ou pour la vie, peu importe – et se sentent en position de faiblesse face à des femmes qu’ils respectent et ne savent plus comment approcher sans passer pour des porcs machistes. Le coach en séduction va donc insuffler l’esprit de la manipulation et du calcul à ses ouailles…
Ne pas envoyer de message post rendez-vous ou attendre au moins deux jours pour recontacter, ne pas proposer de date en week-end avant un certain nombre de rendez-vous, observer – et vérifier par des tests – les signes d’intérêt de la partenaire… Le coaching en séduction rend parano. De plus, certains coachs particulièrement toxiques soufflent sur les braises du machisme et de la misogynie d’autrefois. J’en ai connu des apprentis séducteurs, âgés de 22 à 42 ans, et tous parlaient (entre nous) de « poser leurs couilles sur la table ». Sauf que parmi ceux là, les comportements de collégiennes effarouchées étaient la norme. Et ça jasait sur untel ou untel, et ça ne supportait pas la critique frontale – bah alors, elles sont où tes couilles ? – et ça ne savait pas dire non, et ça faisait du ghosting… bref, la plupart étaient des apprentis misogynes avec des comportements de lâches.
Faux-self et masque social
Non seulement les coachs en séduction perpétuent et propagent les clichés de genre, mais ils incitent les jeunes hommes à construire un faux-self. Pour être synthétique, le faux-self est une notion de psychologie développée par Donald Winnicott dans les années 60 (« Ego Distortion in Terms of True and False Self« , 1960). Vous avez déjà eu le sentiment de jouer un rôle en allant travailler ? De porter un masque qui camouflait votre vraie personnalité et votre sincérité par conformisme ? C’est ça, le faux-self. La différence c’est que ce faux-self professionnel vous pèse tandis que le faux-self du pick-up artists est comme le costume noir de Spider-Man : un symbiote envoûtant emmitouflé dans lequel on se sent plus fort.
Cette spirale du faux-self est évidemment accentuée par l’époque dans laquelle nous vivons. L’hyperconnexion et les réseaux sociaux permettent de se mettre en scène au quotidien. Bien que certaines études indiquent une incidence très négative de Snapchat et Instagram sur l’estime de soi, les choses semblent plus nuancées à propos de Facebook. Toujours est-il que nous avons tous dans nos contacts une ou plusieurs personnes dont les posts se résument à faire ce qu’on nomme dans le jargon des pick-up artists de la démonstration de valeur. Les photos viennent toujours de destinations lointaines et les statuts expriment systématique le ravissement du palais qui déguste des mets d’exception… passant sous silence les moments de déprime ou de solitude, les peurs, les doutes, les questions existentielles. Bienvenue dans l’univers du marketing de soi. Notez que ce n’est pas non plus une raison pour transformer vos réseaux sociaux en bureau des plaintes comme le font certains.
Si vous enfouissez votre vrai-self sous une montagne d’effets marketing, qui est la personne que rencontrent vos partenaires ? Sûrement pas vous, mais après tout on ne parle pas de partenaires dans le coaching séduction, seulement de conquêtes. Jeune femme ou jument, même combat.
Y a-t-il du bon grain au milieu de l’ivraie du coaching séduction ?
Je l’ai dit au commencement, j’ai appris des choses utiles dans ce milieu. Déjà, je me suis fait une culture du vêtement, ce qui m’a donné la liberté de choisir comment j’allais me vêtir, la liberté d’exprimer ma personnalité au lieu de subir le dumping qualitatif des enseignes de prêt-à-porter. Vous pouvez trouver cela superficiel mais c’est ma silhouette que je croise dans le miroir tous les matins, pas la vôtre. Notez que j’aurais pu faire cet apprentissage via des sites spécialisés dans le vêtement, donc rien d’indispensable chez les pick-up artists à ce niveau.
Mais j’ai aussi, malheureusement, appris des choses sur les relations. Pour trois raisons. La première c’est que l’écrasante majorité des gens est encore conditionnée par les stéréotypes de genre. Vous savez que les personnes ordinaires ne m’intéressent pas, mais les personnes hors-norme n’échappent pas pour autant à ce conditionnement même si une partie de leur être y résiste. On peut être hors norme dans son projet de vie sans pour autant être à l’aise dans sa vie amoureuse. Une femme qui a une personnalité flamboyante ne va pas pour autant aborder un homme qui lui plaît dans la rue. Autant être capable de faire le taf si on croise le chemin de cette personnalité flamboyante, non ?
La deuxième raison, c’est ma différence. Mettez cela sur le compte de la douance, de l’hypersensibilité ou de toute autre étiquette à la mode, avant mon parcours initiatique chez les pick-up artists le small talk n’était pas dans mes cordes. J’ai dû apprendre à badiner. J’ai dû m’exercer à la banalité tel un aviateur dans un simulateur pour paradoxalement mieux assumer ma spécificité. Disons que j’ai le vrai-self un peu rugueux et trop hors norme aux yeux de certains. Une légère dose de faux-self m’a permis de développer mes aptitudes sociales, d’apprendre à briser la glace sans être condamné à ne m’adresser qu’à des nerds, des fans de musique metal ou des post-doctorants. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je me suis retrouvé tout à coup entouré de gens insignifiants. Je parle bien d’une légère dose, une toute petite cuillère à café de lubrifiant social. Et puis soyons honnête : quand je retrouve un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps au cœur de l’hiver, il peut m’arriver de souligner spontanément la température. Si je peux le faire avec mes amis dont je connais la profondeur, pourquoi m’interdire de le faire avec un-e inconnu-e ?
La troisième raison est la plus intéressante. L’univers des pick-up artists ne repose pas uniquement sur la drague compulsive. Il est l’héritier direct du taylorisme et du productivisme rationalisé à l’américaine. Il s’appuie sur la science. Car les pick-up artists sont friands de publications scientifiques, principalement celles qui concernent la psychologie sociale expérimentale et les sciences cognitives. Saviez-vous par exemple que lorsque qu’on montre les photos d’une même personne à un panel de sujets tests, les photos où voit les dents apparaître sont unanimement jugées plus attractives ? Certes, cela s’appelle sourire, mais si comme moi vous n’aimez pas sourire face à un objectif ces résultats testés empiriquement vous inciteront peut-être à faire un effort pour votre prochain profil Tinder.
Les sciences humaines, les pick-up artists s’en servent pour apprendre à manipuler, mais on peut également s’en servir pour comprendre le comportement de nos partenaires. Parce que le monde des relations repose encore majoritairement sur ce que Eric Berne appelle en analyse transactionnelle des transactions cachées. Vous savez, je fréquente quasi-exclusivement des femmes qui se pensent progressistes. Des femmes qui votent « à gauche » quand elles ne sont pas abstentionnistes anarcho-quelquechose. Et même si ce sont généralement des personnes chez qui la culture du consentement est importante, elles ne passent pas pour autant leur temps à dire les choses clairement. Alors, pour conserver un semblant de romantisme ou au contraire voir venir cette rupture bien crade qui ne dit pas son nom, déchiffrer les émotions sur un visage ou les changements de patterns comportementaux, la psychologie est utile.
Pourquoi je ne suis pas coach en séduction
La vie amoureuse me passionne. Accompagner des personnes hors norme vers leur accomplissement implique parfois de traiter des problématique de couple, de célibat ou de deuil amoureux. Et l’ennéagramme que j’enseigne apporte tellement de subtilité à la compréhension des rapports humains… En parlant d’ennéagramme d’ailleurs, voilà encore une critique qu’on peut faire à l’encontre du milieu de la séduction française : ils s’intéressent à la psychologie mais sont rarement des experts de la question. Ils ne connaissent (et ne maîtrisent) ni Spiral Dynamics, ni l’ennéagramme des personnalités, ni l’analyse transactionnelle, ni la Communication Non-Violente de Marshall Rosenberg. Plus globalement, leur expérience du développement personnel se résume à la programmation neuro-linguistique et à Freud – ne me faîtes pas dire que je mets la psychanalyse et la PNL dans le même panier, l’une des deux est parfois efficace.
L’anecdote qui résume cette méconnaissance ? Je débattais récemment avec un coach en séduction qui, chose rare dans le milieu, se targue d’avoir un master de psychologie. Preuve que le diplôme ne fait pas la compétence, cette personne, ne connaissant pas mon parcours, m’a conseillé de « m’intéresser à Alain Soral si je cherchais un gars profond qui a compris les femmes»…

Je n’épiloguerais pas ici sur les polémiques qui entourent le personnage, laissez-moi juste vous dire que je l’ai lu deux fois Sociologie du dragueur – c’est un livre savoureux si on met de côté le sexisme qui transpire à chaque page – et que pour bien connaître le parcours de Soral, ses livres et ce qu’il est devenu politiquement, cet homme est l’exact opposé du développement personnel.
J’adorerais que mes clientes me demandent de les accompagner dans la rue pour les aider à franchir le pas de leur premier abordage « déconstruit », qu’elles ne soient plus les cibles passives ou importunées de la drague de rue et prennent les choses en mains pour équilibrer la situation. En attendant ce jour, si le coaching en vie amoureuse fait partie intégrante de ma pratique et si participer au mouvement des pick-up artists a été un ingrédient de mon parcours initiatique, vous ne m’entendrez pas me présenter comme un coach en séduction. Ou alors il faudra appeler cela « séduction éthique ». Mieux peut-être : « séduction consciente ». Parce que dans 98 % des cas, le coaching en séduction n’est pas du développement personnel.
3 réflexions au sujet de « Pourquoi le coaching séduction n’est pas du développement personnel »
Je partage ton analyse, mais je pense que tu ne considère pas toutes les alternatives.
D’abord pourquoi est-ce que vouloir s’améliorer en séduction relève nécessairement de la manipulation ? Ça me semble être une généralisation abusive, basé sur une frange particulière du marché.
Par exemple prends un gars comme Konsti de coach drague. Tu peux le voir comme bourrin et obsédé par le cul… Mais certainement pas comme un manipulateur ou un menteur.
Cette approche a été (et est peut-être toujours) minoritaire et pratiquée par des plus petits sites, mais elle a toujours existé.
Et pour en revenir à mon contre-argument, elle représente une forme de développement personnel, basé sur l’émancipation de tes propres peurs, et la capacité à t’exprimer honnêtement sans craindre le regard des autres.
Personnellement cette phase m’a été utile et j’en avais besoin.
Parmi les gens qui sont dans mon microcosme d’entrepreneuriat web, une majorité ont eu une sérieuse phase pickup – et ça ne me semble pas être une coïncidence.
De manière parallèle, certains découvrent la discipliné personnelle et l’accomplissement de soi dans le sport, ou l’entrepreneuriat.
Dans tous les cas, il est plus facile de s’améliorer face à un défi – et tu as plus de chances d’y parvenir si ton défi te motive énormément.
Pour la majorité des gens, on atteint un point de diminishing returns au bout de quelques années – et on passe à autre chose (monter une boîte, fonder une famille…).
Il est bien possible que ceux qui restent dedans suffisamment longtemps pour devenir coach ne représentent pas la frange la plus équilibrée du mouvement, et il y a un biais du survivant où les plus visibles sont les plus disfonctionnels….
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