Comment définir le développement personnel ?

À quoi pensez-vous lorsque vous lisez les mots : « développement personnel » ? Régime minceur ? Arrêt du tabagisme par hypnose ? Performance sexuelle ? Harcèlement au travail ? Changement de carrière ?

Le développement personnel est en tête de gondole, tous les trentenaires en parlent – pardon, le seul sujet qui fasse l’unanimité chez les trentenaires est Game Of Thrones, je retire donc ce que je viens d’écrire. Reprenons : le développement personnel, toutes les personnes qui ont eu envie de changer de vie s’y intéressent quel que soit leur âge, et quand on s’intéresse à ce fameux « développement personnel » on finit facilement par le considérer comme une évidence. Lire un best-seller de Christophe André ou Boris Cyrulnik ? Développement personnel ! Aller à la salle de musculation ou au club de gym ? Développement personnel ! Méditer, partir en Thaïlande, jeûner ? Développement personnel !

Alors, histoire de remettre quelques pendules à l’heure et de vous proposer un cadre clair et utile, revenons aux fondamentaux. Que vous soyez un néophyte ou une passionnée, soyez les bienvenu-e-s dans cet article qui revisite les fondamentaux du développement personnel pour en proposer une définition précise. Et comme expédier le sujet en passant directement à la conclusion serait mauvais pour le référencement naturel de cet article, permettez-moi une démarche originale qui nous servira de préliminaire à la définition du développement personnel.

 

Mais c’est pas rangé là-dedans !

Histoire de prendre la mesure du phénomène, jetons un coup d’oeil au top 10 des meilleurs ventes sur Amazon en ce matin de mars 2017, catégorie « développement personnel ». Voici les livres qui caracolent en tête des ventes en ce jour du 9 mars 2017 :

1/ Foutez-vous la paix ! de Fabrice Midal (« philosophe, écrivain » et « un des principaux enseignants de la méditation en France » d’après le site de vente en ligne)

2/ Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même, de Lise Bourbeau (dont on apprend qu’elle a commencé sa carrière dans la vente mais qu’elle est « formée en sciences humaines »)

3/ Trois minutes à méditer, de Christophe André, psychiatre

4/ Méditer, jour après jour, de Christophe André encore

5/ Miracle Morning, de Hal Elrod, qui commença par une carrière commerciale « avant de transformer sa vie en se levant deux heures plus tôt chaque matin après un accident de voiture et devint consultant en développement personnel »

6/ Comment se faire des amis, de Dale Carnegie (un classique qui semble traverser les âges)

7/ Réfléchissez et devenez riche, de Napoleon Hill (encore un classique, que je trouve néanmoins obsolète et surévalué)

8/ Je suis happy ! de Margot et Catherine Augé, une blogueuse mode et sa mère sophrologue

9/ Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant, de Christel Peticollin « formatrice en communication et développement personnel, conférencière et écrivain », auteure de plusieurs livres dont un sur les manipulateurs et un sur le triangle de Karpman

10/ La communication non-violente au quotidien, de Marshall Rosenberg (un de mes héros, psychologue de formation devenu médiateur dans des domaines aussi variés que la vie amoureuse et les conflits interethniques)

Il est assez important de tenir également compte des dix ouvrages suivants – dont je vous épargnerai néanmoins l’énumération – car le classement bouge plusieurs fois chaque jour, même si certains ouvrages y apparaissent de façon récurrente. Aux places 11 à 20 du classement, on retrouve certains de ces auteurs (Marshall Rosenberg, Christophe André) mais aussi un coach sportif, une actrice professionnelle, une médecin professeure de yoga, un ouvrage pour avoir une mémoire de champion olympique « médaillé en Trivial Pursuit » ou encore de la visualisation/pensée positive. On le voit, ce top 20 est hétéroclite, aussi bien quant aux sujets abordés que quant au parcours des auteurs.

Essayons d’y voir clair. La psychologie est bien présente, aux côtés de la vie pratique, et les deux se mélangent parfois comme dans le livre de Kondo : un manuel de rangement qui vante les bénéfices psychologiques d’un environnement ordonné cela reste techniquement un guide pratique mais la dimension « livre psy » n’en est pas absente. Pourtant, la psychologie n’est pas seule à l’affiche. La première fois que j’ai fait cette recherche (en octobre 2016) pour préparer la rédaction de cet article, on trouvait dans le classement un livre sur la gymnastique faciale. Aujourd’hui, un livre consacré au gainage abdominal émarge à la 15ème place.

Autre point digne d’intérêt : en faisant cette petite enquête, je remarque l’arborescence. Non, rien à voir avec la pensée arborescente, je parle de la subdivision des catégories de livres sur Amazon. Regardons la photo ci-dessous :

le développement personnel selon Amazon
la place du développement personnel dans le classement des livres sur Amazon

L’arborescence est la suivante :

Livres → Famille, santé et bien-être → Couple → Homme → Développement personnel

Par curiosité j’ai donc cherché la catégorie « femmes » et je constate qu’elle ne contient pas de catégorie « développement personnel ». Les femmes sont pourtant une part importante des consommateurs de développement personnel, voire une part majoritaire. Pour vous en convaincre, ouvrez n’importe quel numéro de Psychologie Magazine et regardez les publicités que la rédaction a choisi (et elle en a choisi beaucoup, presque autant que dans un magazine féminin classique). Ne voulant pas transformer cet article en critique du sexisme ambiant, je vous invite à faire vous même un tour sur Amazon et à comparer le contenu des catégories « Hommes » et « Femmes » dans la rubrique « livres ».

Revenons – un peu plus – à nos moutons. Toujours sur Amazon, la rubrique « développement personnel » se divise elle-même en plusieurs catégories : bonheur / communication / confiance en soi / dépression, angoisse et stress / Ennéagramme / Feng Shui / guides pratiques / moments difficiles / réussite personnelle / Jacques Salomé (oui, ce n’est pas une blague, un auteur forme une sous-catégorie à lui seul, voilà une réussite commerciale inspirante).

En marge de cette organisation pour le moins subjective, un autre point surprenant : que Influence et Manipulation, best-seller depuis des années, ne soit pas à l’affiche, vous l’expliquez comment ?

 

Une question de définition… évidemment !

En fait, Amazon classe Influence et manipulation N°1 des ventes, non pas dans la rubrique développement personnel mais dans la rubrique « psychologie sociale pour l’université« .

Les choix d’Amazon n’engagent que ladite société et n’ont pas valeur de norme. Ils illustrent la diversité des interprétations qu’on trouvera autour de nous quand il sera question de définir ce que signifie le terme « développement personnel ». Et puis, il faut bien classer un minimum les ouvrages. Si l’ennéagramme peut-être utile dans les « moments difficiles de la vie » il n’a pas grand chose à voir avec la gymnastique faciale anti-vieillissement (par contre il est un des outils susceptibles d’expliquer pourquoi vous ne voulez pas laissez apparaître les marques de l’âge sur votre visage). À l’inverse, pensez-vous que le bonheur* soit accessible sans une bonne aptitude à communiquer ou si l’on vit dans l’angoisse, la dépression et le stress ?

* le bonheur mériterait d’être défini pour que nous puissions explorer la question au-delà de la rhétorique, simplement ce n’est pas l’objet de cet article

Mais le quotidien montre que nous n’avons pas tous la même idée du bon sens. Ainsi, que certains considèrent la méditation comme du développement personnel et d’autres non, cela relève de l’appréciation subjective. La classification du site Amazon a ses limites, et même une approche universitaire aurait les siennes.

Mon propos est à la fois de renseigner celui ou celle qui ferait ses premiers pas dans le développement personnel, et de donner à mes clients et clientes une indication claire sur ce que moi, en tant que coach, je considère comme relevant ou non du développement personnel. Laissons donc le suspens de côté pour nous rapprocher du but, et regardons ce qu’en dit notre grand oracle contemporain, Wikipédia : « En psychologie, le développement personnel représente un ensemble de courants de pensées et de méthodes destinées à améliorer la connaissance de soi, à la valorisation des talents et potentiels, à l’amélioration de la qualité de vie, à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves. Le développement personnel n’est toutefois pas considéré comme une psychothérapie même s’il peut y participer. »

Je suis à 100 % d’accord avec cette définition. Je rajouterai simplement à la dernière phrase la précision suivante : si le développement personnel peut participer à une démarche psychothérapeutique, entreprendre une psychothérapie peut aussi être un acte de développement personnel. Fort de cette définition, on voit qu’un livre comme Influence et manipulation rentre clairement dans la catégorie développement personnel (no offense Amazon). Lire des ouvrages de psychologie permet de développer sa connaissance de soi, ainsi que celle du monde. C’est là le seul point qui me paraît manquer à l’excellente définition des contributeurs de Wikipédia : la connaissance du monde.

D’une part, puisque les humains partagent un grand nombre de points communs en tant qu’espèce animale, développer sa connaissance du cerveau humain permet autant de comprendre son propre fonctionnement que celui de son voisin. D’autre part, nous ne vivons pas dans un monde clos et ces fameux « rêves, aspirations, talents et potentiels » ont vocation à interagir avec le monde qui nous entoure.

Voici donc la définition du développement personnel qui sera la mienne dans le cadre de Hors Norme et Accomplis :

Le développement personnel représente un ensemble de courants de pensée et de méthodes librement choisis destinés à :

– améliorer la connaissance de soi et du monde

– valoriser les talents et les potentiels

– améliorer la qualité de vie

– réaliser ses aspirations et ses rêves.

 

Un système interconnecté

Nous avons donc à notre disposition une belle définition. Nous pourrions en rester là et considérer cette définition comme la conclusion de notre article. D’ailleurs, si vous le consultez dans le but de cerner plus précisément ce qu’est le développement personnel, vous tenez déjà ici un début de réponse. Je voudrais néanmoins, en guise de conclusion, mettre l’emphase sur l’interconnexion qui est à l’œuvre dans cette définition. En effet, les quatre points qui définissent le développement personnel sont interconnectés. Bien que pour des raisons qui me sont propres je considère la connaissance comme un point clef – la compréhension précède l’action efficace, à moins d’un coup de chance – améliorer sa qualité de vie en travaillant moins* permet de libérer du temps pour se cultiver et explorer les sciences, donc sa connaissance de soi et du monde. Réaliser ses aspirations et ses rêves a un impact profond sur la qualité de vie, même si ces rêves sont des expériences temporaires comme les voyages. Et ces expériences permettent également de mieux se connaître – nous y reviendrons – et de mieux connaître le monde. Le voyage est là encore un bon exemple : si un de vos rêves est de traverser l’Asie à pieds, et qu’après avoir réuni les conditions financières pour ce voyage vous accomplissez enfin ce rêve, vous allez être transformés en profondeur. Chaque nouvelle culture rencontrée augmentera votre connaissance du monde autant que votre connaissance de vous-même : vous serez confronté à vos réactions face à l’inconnu et apprendrez ainsi à vous connaître dans un nouveau contexte. L’expérience du voyage où s’alterneront les passages difficiles et les moments de bonheur vous donnera un feedback probablement inégalé jusqu’alors sur votre personnalité, vos goûts, vos peurs, votre sensibilité. Bref, améliorer votre qualité de vie peut augmenter votre accès à la connaissance, valoriser vos talents peut vous aider à réaliser vos rêves, augmenter votre niveau de connaissance peut améliorer votre qualité de vie, etc. Ces quatre dimensions sont interconnectées et s’influencent réciproquement. Investir dans une seule de ces dimensions initie déjà un cercle vertueux**, et investir dans plusieurs d’entre elles boostera votre sentiment d’accomplissement de façon exponentielle.

* dans certains cas, le challenge à relever pourra être de travailler plus.

** initier, certes, mais l’étincelle de l’allumage ne fait pas le voyage : si vous aspirez à augmenter votre connaissance de la biologie et que vous commencez à lire des livres sur la question, c’est mission accomplie pour ce qui est de l’aspect connaissance, par contre si votre rythme de vie vous empêche de vous former alors que c’est votre objectif, il faudra d’abord améliorer votre qualité de vie, peut-être en valorisant vos talents auprès d’un nouvel employeur, pour avoir du temps libre à investir dans votre recherche de connaissance

Le milieu du développement personnel n’est pas exempt de défauts, mais à force d’entendre des gens dire tout et n’importe quoi sur le sujet, j’ai eu envie de pousser un coup de gueule.

Ce constat est assez enthousiasmant : talents, aspirations, connaissance, tout cela recouvre un champ immense. Le développement personnel est potentiellement partout. La définition du domaine est vaste, peut-être l’est-elle même un peu trop, mais elle ne comporte que des termes positifs.  Ce qui m’amène, pour conclure cet article, à vous poser une question : pensez-vous que le développement personnel puisse avoir des côtés négatifs ? C’est ce que nous découvrirons dans un prochain article…

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